L’addiction, un spectre large
L’addiction, longtemps associée uniquement aux substances psychoactives ou à l’alcool et plus récemment au sucre, s’est étendue à des comportements qui procurent des sensations fortes, comme les sports extrêmes ou les jeux vidéo. Parmi ces comportements, l’addiction à l’adrénaline occupe une place de plus en plus importante. Cette quête constante de sensations fortes, souvent perçue comme une simple recherche de plaisir, pourrait en réalité être influencée par des mécanismes biologiques plus profonds, notamment liés au microbiote intestinal.
Le microbiote intestinal, un second cerveau
Le microbiote intestinal, cet écosystème complexe de micro-organismes vivant dans notre intestin, joue un rôle bien plus important que celui de simple aide à la digestion. Il communique avec notre cerveau via le nerf vague et la circulation sanguine, influençant ainsi nos émotions, notre comportement et même notre prise de décision.
L’addiction à l’adrénaline et le microbiote : quel mécanisme ?
Des études récentes suggèrent un lien étroit entre le microbiote intestinal et les comportements addictifs, y compris la recherche de sensations fortes. En effet, certains micro-organismes présents dans notre intestin peuvent produire des neurotransmetteurs, comme la dopamine, qui sont impliqués dans la régulation du plaisir et de la récompense. Un déséquilibre de ce microbiote pourrait ainsi altérer les circuits cérébraux liés à la récompense, poussant certaines personnes à rechercher des sensations de plus en plus fortes pour ressentir du plaisir.
Les mécanismes
Plusieurs explications pour expliquer ce lien :
- Dysbiose et inflammation : Un déséquilibre du microbiote (dysbiose) peut entraîner une inflammation chronique de faible à haute intensité, qui à son tour peut altérer les fonctions cérébrales et favoriser les comportements addictifs.La dysbiose est multifactorielle. Une prise d’antibiotiques mal « réparée ».
- Alimentation riche en additifs, pesticides, fongicides, antibiotiques des viandes industrielles…
- Axe intestin-cerveau : Le microbiote influence directement le cerveau via le nerf vague et la circulation sanguine, mais aussi indirectement en produisant des métabolites qui agissent sur le système nerveux central.
- Mode de naissance et environnement : Notre patrimoine génétique et notre environnement (pollutions) peuvent modifier la composition de notre microbiote et ainsi influencer notre vulnérabilité aux addictions.
Quelles pistes thérapeutiques ?
La compréhension du rôle du microbiote intestinal dans l’addiction à n’importe quel « objet » ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Parmi les pistes explorées, on retrouve :
- La transplantation fécale : Cette technique consiste à transférer des selles d’un donneur sain à un receveur afin de reconstituer un microbiote équilibré.
- Les probiotiques et prébiotiques : Ces compléments alimentaires peuvent aider à rééquilibrer le microbiote. Attention, ne prenez pas n’importe quoi! même en pharmacie, la personne qui vous conseillera n’aura pas le questionnaire de santé qui permet d’avoir les informations suffisantes pour vous diriger vers la synergie probiotique qui vous convient. Consultez un thérapeute formé (officiellement) au microbiote intestinal.
- La psychobiotique : Il s’agit de l’association de probiotiques et de psychothérapies pour traiter les troubles mentaux, dont les addictions.
- L’alimentation : Une alimentation riche en fibres et en aliments fermentés favorise la croissance de bactéries bénéfiques pour le microbiote.
En conclusion
L’addiction à l’adrénaline est un phénomène complexe, influencé par de multiples facteurs, dont le microbiote intestinal. En comprenant mieux les mécanismes en jeu, il devient possible d’envisager de nouvelles approches thérapeutiques pour aider les personnes souffrant de ces addictions. Cependant, il est important de souligner que la recherche dans ce domaine est encore à ses débuts et que de nombreuses questions restent en suspens.
Pour aller plus loin:
Même si les liens suivant concernent l’alcool, il faut savoir que toutes les addictions ont le même centre , le circuit de la récompense. Seul l’ « objet » de l’addiction varie selon l’environnement social de chacun. De plus, les « objets » d’addiction sont susceptibles d’évoluer ou de s’additionner selon les fréquentation, les tentatives d’en changer…
Les addictions commencent souvent par une addiction au sucre dans l’enfance, car c’est le premier élément addictif qui entre dans la vie de l’individu. Il évoluera souvent à l’adolescence vers d’autres produits ou comportements.
- Dumas – CNRS : Rôle du microbiote intestinal dans l’addiction à l’alcool : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04208775
- Biocodex Microbiote Institute : Agir sur le microbiote pour réduire la dépendance à l’alcool : https://www.biocodexmicrobiotainstitute.com/fr/agir-sur-le-microbiote-pour-reduire-la-dependance-lalcool